Thierry Watelet
Orateur au service de vos événements

Le voltigeur et l'héritier


Beaucoup accordent la victoire du débat Attal/Bardella au Premier ministre. Mais chaque camp applaudit son champion.
Tentons d’y voir clair.

  • 𝐎𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐜𝐞̀𝐬 𝐝’𝐮𝐧 𝐝𝐞́𝐛𝐚𝐭 entre une tête de liste et un Premier ministre.  Je note simplement que M. Attal fait comprendre que son alter ego dans l’opposition est M. Bardella dont le statut s’en trouve privilégié publiquement. 
  • 𝐎𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐬𝐭𝐮𝐦𝐞. Ils sortent du même tailleur, affichent les mêmes symboles institutionnels (Interprétation : seraient-ils à ce point interchangeables ?)
  • 𝐎𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐨𝐢𝐱. Celle de M. Bardella plus grave et un débit plus lent ; celle de M. Attal plus aigüe, plus rapide. Je note que dans le deuxième tour des présidentielles, depuis 1974, le débit le plus lent l’emporte toujours.  Ce n'est qu'une corrélation, pas une causalité.
  • 𝐎𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐮 𝐫𝐞𝐠𝐚𝐫𝐝. Celui de M. Bardella exclusivement tourné vers son interlocuteur (Interprétation : « 𝐽𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒 𝑚𝑒̂ 𝑝𝑙𝑎𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒 𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑠𝑡𝑟𝑒 ») ; celui de M. Attal, dirigé vers son public, alternativement vers la journaliste et vers son interlocuteur (Interprétation : "J𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑠𝑡𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑚’𝑎𝑑𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑎̀ 𝑡𝑜𝑢𝑠" ). 
  • 𝐎𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐮 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫𝐞. Lèvres le plus souvent fermées chez M. Bardella. Sourire dissymétrique chez M. Attal, chaque fois qu’il met son interlocuteur en difficulté. Ce qui donne une impression de mauvais vainqueur, ou « d’arrogance », comme l’ont écrit certains. 
  • 𝐋𝐚 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐢𝐜𝐮𝐥𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐌. 𝐁𝐚𝐫𝐝𝐞𝐥𝐥𝐚 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐧’𝐞̂tre 𝐩𝐚𝐬 𝐬𝐞𝐮𝐥 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐚𝐭𝐞𝐚𝐮. 𝐈𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐥’𝐡𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐢𝐞𝐫. Et M. Attal lui rappelle souvent ce lignage (extrait n°2 dans commentaire n°1)  : «𝑉𝑜𝑢𝑠, 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒 𝐿𝑒 P𝑒𝑛, 𝐽𝑒𝑎𝑛-𝑀𝑎𝑟𝑖𝑒 𝐿𝑒 P𝑒𝑛 ».  C'est l'argument ad hominem.
  • 𝐌. 𝐀𝐭𝐭𝐚𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧 𝐯𝐨𝐥𝐭𝐢𝐠𝐞𝐮𝐫. Il fond sur le programme de son contradicteur, mais à sa façon : il caricature la proposition et la détruit en dénonçant son incohérence sur le long terme. Ce sont les stratagèmes 1 et 7 de Schopenhauer. (In 𝐿’𝑎𝑟𝑡 𝑑’𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 – Ed. Poche – p. 20&29). 

C’est là où le Premier ministre fut le plus piquant. Il reformule à sa façon pour mieux dénoncer. C’est le cas de l’extrait n°1 dans le commentaire n°2. A la question «  - ? » on peut substituer par exemple «  ̀ ́ ? ».

Tous les deux occuperont le théâtre politique pendant plusieurs décennies. Et progresseront.  Pour plus d’écoute (nécessaire) et de profondeur (utile). Moins de fougue et de répliques superposées.

Commentaire #1

Commentaire #2


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